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L’après Bozizé : génération arme en main, pouvoir possible

Humour-rébellion-iconographie-PenDesign
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L’armée les aurait appelé des frères d’arme, la politique a fait d’eux des adversaires, pire encore des ennemis politiques s’étant succédé selon les circonstances à la tête d’une nation en quête d’une véritable identité politique. De Dacko à Bozizé en passant par Bokassa ou Patassé, la fratrie des Oubanguiens alliés de Boganda, aura-t-elle connu sa fin ?

L’histoire s’en souviendra que les hommes forts ne sortent pas tous de la même école, mais que leurs destins se croisent souvent et selon leurs œuvres, ils demeurent éternellement dans la tête des hommes.

Boganda : l’école d’un directoire presque réussi

Prédestiné à conduire les jours de l’ancienne colonie française, devenue indépendante le 13 août 1960, la République centrafricaine dont il est le Président Fondateur, Barthélemy Boganda avec son rêve de fédérer les pays africains sera malheureusement court-circuité par un accident d’avion, le 29 mars 1959.  Aux lendemains de ce décès que certains qualifieraient de ‘’perte pour le Centrafrique’’, l’avenir politique de ce pays situé au centre de l’Afrique se décide depuis la métropole. David Dacko, ami, allié et cousin de Boganda prend avec l’aide de la France, les règnes d’un Centrafrique jeune et prometteur de ses richesses déjà convoitées par le colonisateur d’hier, devenu ami d’aujourd’hui. Se succèdent alors, Jean Bédel Bokassa, officier français, fondateur des Forces Armées Centrafricaine (FACA), autoproclamé Empereur de Centrafrique en 1979 mais déchu la même année par l’opération barracuda, des suites de divergences avec ses pseudo cousins français l’ayant mené au pouvoir douze ans plutôt. Dacko reviendra au pouvoir avant de laisser une fois de plus la place à un certain André Kolingba, sorti lui aussi de la mêlée des leaders politiques façonnés par la France de De Gaule et de D’Estaing. De 1983 à 1993, les relations entre la France et le Centrafrique se caractérisent par la signature d’accords militaires entre les deux nations, on note à ce titre, l’implication d’officiers français dans la formation de cadres militaires centrafricains.

Cependant, l’opinion publique centrafricaine ne prête guère attention au jeu de succession d’acolyte auquel s’adonnent presque involontairement ses leaders, sous l’influence des pays amis décideurs de l’avenir d’un pays souverain comme le Centrafrique. En 1993, Ange Félix Patassé, Premier Ministre sous le régime de Bokassa, accède à la magistrature suprême à l’issus des premières élections présidentielles organisées dans ce pays où depuis l’accession à l’indépendance, les seules élections organisées auront été celles du Référendum constitutionnelle de 1992 des temps du Président Kolingba. Une fois de plus, l’allié de toujours lâche le régime en place et prête sa confiance à un autre élément sortie des rangs de ceux qui ont marché sur les pas de Boganda. Comme Bokassa en 1966, Dacko en 1979 et Kolingba en 1981, François Bozizé arrive au pouvoir grâce un coup d’Etat, le 15 mars 2003.

Bozizé le dernier né de la fratrie

Premier Chef d’Etat centrafricain à avoir mené une rébellion avant d’arriver au Pouvoir, François Bozizé a d’abord servit en tant que homme de corps de l’empereur Bokassa et côtoyant par la suite sous tous les régimes ayant précédés au sein, ceux pour qui il sera désigné par le peuple, le successeur mérité. Sous l’ombre de l’homme fort de Béréngo, aux cotés du Général Kolingba en tant que Ministre de l’information ou encore stratège militaire sous le régime de Patassé en officiant en tant que Chef d’Etat Major des Forces Armées Centrafricaines, Bozizé fait figure du dernier représentant de la fratrie des petits frères des pères de l’indépendance. Ses dix ans de règne illustrent à juste titre son appartenance à cette couche des dirigeants africains, héritant de leurs aînés, d’une Patrie affaiblie par la colonisation, incinérée par les querelles et appauvrie par l’ignorance et dont ils n’ont su quoi faire.

La chute du régime de Bozizé le 24 mars 2013 devrait vraisemblablement boucler le cercle de ceux que l’on qualifierait d’héritiers des premières cinquante années d’indépendance de la République centrafricaine.

Génération arme en main, pouvoir possible

Le Centrafrique serait devenu au courant des vingt dernières années, un territoire où naissent et se reproduisent des mouvements armés incontrôlés de tout genre. La prise de pouvoir de la coalition politico-militaire, Séléka le 24 mars 2013, ouvre le débat sur l’avenir politique de la nation à la bannière aux cinq couleurs. L’ancien Président centrafricain François Bozizé aura-t-il bien marqué, la transition entre la génération des témoins de l’indépendance et celle qu’incarnent, les Djotodja, Gonda, Doutingai Tiangaye et compagnie, qui devront désormais faire face au néo colonialisme? L’homme politique centrafricain applique t-il les leçons qu’il donne ?

Par la naissance innombrable des rebellions dans les quatre coins du pays, inspiré par les Ndjadder, Yalo et Miskine, le principe même de la volonté du peuple, par le peuple et pour le peuple qui est le fondement de la démocratie prônée par tous, serait menacée. Ainsi donc, les armes auront remplacés les urnes pour choisir les leaders politiques en Centrafrique tandis que le compte à rebours appelé transition est lancé depuis la prise du pouvoir par Michel Djotodia. Le verdict final ne sera donné que par l’organisation effective d’élections prochaines.


Centrafrique: le modele parfait du néant

Secoué une fois de plus ces derniers mois par un énième trouble militaro-politique où, une coalition rebelle se faisant appelée Séléka revendique le pouvoir de Bangui, mon pays la Centrafrique se fait théâtre des scènes indignes des rêves de nos pères fondateurs. Celui de voir une Afrique unie.

Penzy
Penzy

Cela n’est un secret pour personne, le Tchad nation amie d’une Centrafrique à la sécurité fragile est pointé du doigt par tous les camps depuis le début de cette crise. L’opposition militaire et démocratique ou encore les pro-gouvernementaux, assimilent d’un côté comme de l’autre, le frère tchadien à  celui qui met le feu et joue au pompier par la même occasion.

Depuis que des barrières se sont érigées dans presque toutes les intersections des avenues de la capitale centrafricaine, au nom de la sauvegarde de la sécurité intérieure du pays, à l’initiative de jeunes volontaires et au lendemain d’un discours poignant livré par le Président Bozizé, je lis de plus en plus autour de moi, l’inquiétude sur le visage des ressortissants tchadiens, soudanais… Les ressortissant à prédominance « arabou » comme on aime le dire ici. Arabou, ce nom donné en Centrafrique à toute personne musulmane. J’écrivais ceci il y a quelques moins sans savoir que cette même coalition prendrai le pouvoir. Et qu’en est il des « arabou » indexés depuis lors ?

Dans les rangs de la Séléka désormais maîtres de Bangui, ils sont, jeunes, barbus, parlant bien ou mal la langue nationale le Sango depuis lors devenu indice d’indentification de l’étranger. Ils sont responsables ou non des tueries survenues dans les 7ème et 4ème arrondissements aux lendemains de la prise du pouvoir le 24 mars 2013, ils sont les pilleurs ou non de la Fédération Centrafricaine de Football, de CFAO Motors Centrafrique, d’Orange Centrafrique, des églises catholiques, des ONG… La liste est longue, ils sont les responsables des l’assassinat de Djime-Yabongo Guy Floria, de Beladjià M’baïki le 27 juin dernier… Le profil net du Séléka ne laisse pas croire qu’il est tout simplement musulman et  la confusion gagne du terrain dans les familles, dans les groupes et la rue entend dire que les musulmans réclament que leur tour est arrivé d’un coté et que de l’autre coté, la vengeance se prépare.

 Qui en veut aux centrafricains? Qui est centrafricain et qui ne l’est pas ? Le Centrafrique restera t-il laïque, quand on sait que l’église catholique s’en mêle et que l’actuel Président Michel Djotodia est accusé de vouloir islamisé le pays ? Tant de questions que je  me suis posé jusqu’à comprendre que les politiques ont failli et que le peuple a été trompé.

Plus qu’un billet, je prie que la force de ces mots soit perçue au-delà des frontières de mon pays et soit considérée comme un appel car la situation de mon pays est grave. Ce billet s’adresse aux médias, aux pays amis de la RCA et tout autre pays, les prie de venir au secours de mon peuple. Tous les jours, nous sommes témoins ou victimes de meurtres, de kidnappings, de vols et d’exactions de tout genre. Les écoles ferment leurs portes, les églises sont brûlées, la justice n’existe qu’avec la force des armes. Les rues se vident à la moindre alerte. Bientôt nos greniers seront vides car les paysans cultivateurs ont fui leurs champs pour se réfugier dans la brousse, là où la culture ne peut être favorable. Le peuple éleveur perd son bétail au profit des groupes armés qui leur retirent leurs biens et les tuent. Les fonctionnaires refusent d’aller au travail de peur d’être kidnappés. Les artistes sont menacés de mort s’ils s’hasardaient à parler de ce qui se passe. Nous ne pouvons nous taire et laisser notre pays disparaître.

Ce pays qu’est le nôtre, fait bien partie du globe, il a des intérêts humanitaires qui sont les vôtres, son peuple est votre frère. Aidez nous.