Transition en RCA: Prestation de serment sur fond de terreur
Au cas où la Somalie se cherchait un clone, dites lui que la République cent… Oh que dise-je? Dites lui que la République des Séléka lui ressemble désormais.
Bangui, dans la nuit du samedi 17 au dimanche 18 aout à quelques heures de la cérémonie de prestation de serment du Président de la transition en Centrafrique. Vers 3 heures du matin, les habitants des 1er et 4ème arrondissements sont réveillés par des crépitements d’arme. De causes inconnues, ces énièmes bruits d’arme dans la ville de Bangui, resurgissent une fois de plus la peur de la population qui vide les rues de la capitale centrafricaine. La capitale de la nation à la bannière aux cinq couleurs, serait devenue la nouvelle Somalie, au point que même une fourmi n’oserai se promener au simple signalement d’une patrouille de la Séléka.
Boy-rabe, à couteau tiré avec les éléments de la Séleka
Réputé proche du président sortant François Bozizé, le quartier Boy-rabe situé dans le 4ème arrondissement de Bangui semble appartenir au viseur rouge du collimateur des autorités de la place. Une fois de plus, c’est dans cette périphérie nord de la capitale banguissoise que les engins de mort de la Séleka ont retenti pour semer à nouveau la terreur. Faisant état d’un mort et de plusieurs blessés, l’incident armé de la nuit du 18 août, rappelle les événements tragique du 14 avril ayant opposé de jeunes résistants des 4ème et 7ème arrondissements aux éléments de la Séleka, pillant et incendiant des maisons sous prétexte d’une opération de désarmement. Depuis lors, le quartier Boy-rabe est pointé du doigt et reste moins habité en raison des répétitifs soulèvements de la population et des exactions commis par la Séleka, dont on chiffrera à plus d’une trentaine de morts, le bilan des événements du 14 avril dernier. Quartier rouge plus que jamais, les rumeurs faisant de Boy-rabe le quartier de la résistance contre l’oppression sélékiste, ne resteront que des rumeurs et depuis 24 heures, au moment où je publie ce billet, les éléments de la Séleka assiègent Boy-rabe et soumettent à des fouillent scrupuleuses, tout passant, appelé à verser à chaque entrée et sortie, la somme de 250 francs CFA. Boy-rabe serait devenu une arène où même les gladiators paient l’entrée. Ce qui est plus marrant d’ailleurs, c’est que la sortie du désormais célèbre et réputé stade Boy-rabé est payante. Devinez seulement pour quel but, fait-on payer l’entrée d’un quartier à ses habitants ? Les faire fuir bien sûr !
Baissez la tête, Sa Majesté Itno est à Bangui:
Je ne confirmerai pas les allégations d’aucun, disant que le Président tchadien Idriss Deby Itno est pour quelque chose dans la crise centrafricaine, ou du moins, je ne m’alignerai pas derrière les mauvaises langues qui disent que le cousin nordiste serait le parrain politique et même militaire du désormais président de la transition centrafricaine, le très contesté Michel Djotodia. Mais à en croire, le dispositif sécuritaire employé pour accompagner le déplacement de Deby à Bangui, serait digne d’une visite d’Obama à Dakar: circulation de véhicules privés et de transports en commun interdit ; policiers et gendarmes déployés sur toutes les intersections et grandes avenues de la place; quartiers réputés « rouge » placés sous haute surveillance militaire… Euuuh dans le cas du Centrafrique, doit-on dire militaire ou Séléka, puisque selon les dernières informations, Son Excellence, à l’époque où il n’était pas encore officiellement Président de la Transition avait jadis renommé les Forces Armées Centrafricaines, en Armée Républicaine de Centrafrique… Donc officiellement pas d’armée… Bon je ne me retrouve pas dans ce labyrinthe de jeux de mots et ne sais plus quel nom donné à ces gars en treillis armés jusqu’aux cheveux qui font désormais la loi en Centrafrique. Je m’en tiens à cela et remarque que la venue d’Idriss Deby Itno à Bangui, accompagné par un autre acteur de la crise centrafricaine, Dénis Sassous Nguesso, auront bouleversé les habitudes à Bangui. Les petites artères des quartiers longeant les avenues les plus empruntées par les transports en communs ont été prises d’assaut, durant tout le long de la cérémonie de prestation de serment du Président de la Transition, par les taxis, bus et engins à deux roues. Le soir du 18 août, comme depuis le 24 mars dernier, les rues de Bangui sont restées vident et les timides attroupements devant les bars dancing n’auront duré qu’une poignée d’heures.
Si dans son adresse, le nouveau maître de Bangui promet d’œuvrer pour la sécurité et en faveur de la tolérance zéro: « Je vous affirme qu’il n’y aura plus de place pour l’impunité, car l’on ne saurait construire un Etat de droit sans la justice. A cet effet, tous les auteurs – et ceci sans exception – des crimes et délits seront systématiquement traduits en justice et sévèrement sanctionnés », l’ombre de Bozizé, auteur d’une interview fracassante accordée à Rfi le 10 août dernier, plane encore sur le Centrafrique et attise davantage la flamme Séléka qui s’en prend, à qui en déplaise la très démocratique prise de pouvoir de la coalition de la terreur.
Avant c’était la pré-transition, mais ça c’était avant
La transition est lancée pour 18 mois et le capitaine à bord sera bien Djotodia. Contrairement à ceux qui disent que ce dernier n’avait pas toutes les prérogatives du Chef de l’Etat. Et que son Premier ministre Nicolas Tiangaye officiellement plus proche de l’opinion internationale, serait mieux écouté que lui par cette France marionnettiste à la commande des Bozizé, Djotodia, Tiangaye et compagnie. Désormais et ce pour 18 mois, si le tapis rouge ne l’englouti pas, le seul maître à bord sera bien, Michel. Comme le témoigne son discours, l’heure de l’impunité, qu’il a vu sous semblant d’aveugle aura trouvé sa fin. Mais en attendant qu’il ne se décide à créer un parti politique comme tous les autres putschistes de son acabit, le Président de la République Transitoire de Centrafrique (RTCA)… C’est à la mode maintenant de changer les noms en Centrafrique, nous sommes dans une transition non… Djotodia devrait mieux que quiconque gérer les querelles internes de la Séléka et les histoires de qui à plus d’homme que qui au sein la coalition la plus tristement célèbre de l’histoire de la République centrafricaine.
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