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Centrafrique : à chacun son coup d’Etat

Dit-on qu’un peuple malheureux fait de grands artistes ? Si tel est le cas, l’art de gouverner devrait naître dans le rang des malheureuses victimes faites par les mains des politiques centrafricains. Si tel est vraiment le cas avec tout ce qu’on vit, l’artiste qui devra gouverner les jours prochains de mon pays serait déjà né.

Monument du libérateur
Monument du libérateur Bangui

J’ai entendu dire qu’en Centrafrique il serait facile de prendre le pouvoir ? Qu’il suffirait juste de s’allier avec une nation militairement plus forte pour fomenter un coup d’Etat ? Avec tous ces followers , amis et likers que j’ai sur les réseaux sociaux, je ne vois pas pourquoi je ne ferai pas le mien ? Enfin, j’ai décidé de faire un coup d’Etat comme tous ces politiques centrafricains pour ‘’sortir mon peuple de la souffrance’’. A chacun donc son coup d’Etat, moi j’ai décidé de faire le mien via mon blog et ‘’Sauver le peuple’’  des dents de ces politiques affamés. Appelez-moi désormais Monsieur le Président, en attendant que je ne sois comme eux, élu par acclamation…

Mon premier discours à la patrie

Messieurs et dames de la mauvaise gouvernance votre mascarade a tant duré.

Si pendant cinquante et trois ans, le peuple s’est tu et vous a laissé faire, c’est parce qu’il n’y avait personne pour défendre sa cause.

Messieurs et dames de la mauvaise gouvernance, nous sommes en 2013 et le monde est témoin de vos manœuvres. Une voix s’élève du camp du peuple pour enfin vous dire NON, sur tous les lieux NON.

Messieurs et dames de la politique hypocrite, c’est du camp du peuple que l’inspiration de ces mots, a lieu et vous demande de rendre le pouvoir à ce peuple martyrisé, battu et violé.

C’est au nom de cette jeunesse, tuée à Boy-rabe, Boeing et aux quatre coins de la République centrafricaine que cet écrit s’adresse à vous.

Attristé par vos comportements inhumains, par les tueries répétitives, par votre silence complice, par votre manque de respect à l’égard du peuple ;

Motivé par le fait que le peuple représente 99% et que vos camps divisés de politiques opportunistes se disputent encore les 1% ;

Convaincu que l’avenir du peuple ne se décide que par le peuple lui-même,

Messieurs et dames de la mauvaise gouvernance, que vous soyez du camp des traitres des lendemains des indépendances, que vous soyez du camp des hommes qui n’acquièrent le pouvoir que par les armes, que vous soyez du camp de ceux qui se taisent pour remplir leurs ventres avec le sang du peuple, l’heure est venu de comprendre que le temps de vos manèges est révolu.

Nous reprenons le pouvoir que nous vous avions confié et que par ingratitude, par égoïsme et par fourberies, vous avez retourné pour faire de nous vos plats préférés, épicés de nos sangs, sueurs et larmes.

Ce discours s’adresse à cette génération débile qui n’a donné à son peuple, aucune identité culturelle, aucune armée, aucun avenir.

Ces paroles représentent notre défense contre ceux qui font du peuple, les cibles de leurs armes.

Ces mots interprètent la douleur que nous ressentons quand, nos sangs remplissent vos barils de vin. Ces mots sont notre identité perdue à la cause de vos querelles impubères.

Nous sommes :

la fille et le fils de Yassi et de Kossi, la nièce et le neveu de Karinou et de Béko, nous avons appris à lire et à écrire à l’école Saint Charles et au CEG de Boda, de Mongoumba et de Kabo nous avons des cousins et cousines qui s’appellent Djamal, Mariam, Bilal ou Alima nous sommes nés à Yaloké, Zinga et Bandoro et nous avons grandi à N’délé, Sido et Grimari. Aujourd’hui, pour vos intérêts égoïstes, notre diversité culturelle et la richesse de nos terres risquent bien fort de ne pas nous profiter et ne profiteront pas et nos enfants.

Pour ne point nous laisser faire, nous avons décidés de prendre le pouvoir.

Politiques hypocrites, nous vous reprenons ce qui nous appartient.

Que nous reste t-il si vous avez pris la dignité à nos mères, sœurs et femmes ?

Que nous reste t-il si la présence des hommes ne compte pas plus que celui de l’animal de compagnie ?

Que nous reste t-il si à cause de vos armes, les routes de l’école sont fermées ?

Politiques vaincus, vos intérêts égoïstes sont certes protégés et soutenus par vos associés venus de partout, ceux qui vous cachent chez eux sont au même titre que vous, nos pires ennemis.

Messieurs et dames de la mauvaise gouvernance, vos 1% sont dés lors effacés et vous ne représentez aucune force, aucune menace contre l’unité du peuple qui travaille pour sa dignité.

Vous pensiez, vous succéder ainsi et faire de nous vos éternels esclaves ?

Jamais !

Nous prenons le pouvoir, sans être comme vous des marionnettes, mais les maîtres de nos destins, car la mort, vous nous aviez déjà fait voir, la souffrance, elle est notre quotidien et nous ne reculerons devant rien.

Nous prenons le pouvoir, ici, sur nos blogs, dans nos groupes et dans nos villes et villages,  par la force des mots, par la motivation de donner un avenir meilleur à nos enfants.

Nous faisons parler les murs qui ont entendus tous vos manèges. Ils avaient des oreilles, nous leur donnons aujourd’hui la parole. Nous sommes partout dans les places publiques, nous nous formons en communauté des sauveurs de la patrie. Car notre seule arme est la parole et l’accomplissement des actes salvateurs en faveur de notre peuple.

Nous prenons le pouvoir en refusant de participer à vos plans diaboliques.

Nous refusons tout  ce qui vient de vous pour protester contre votre trahison.

Politiques hypocrites, avec nous l’avenir du peuple se décide par lui-même.

Peuple libre, les rues sont désormais notre siège, les places publiques sont désormais nos lits, les murs nous servent désormais de porte voix.

Ils ont la télévision, la radio et les presses. Nous avons les blogs, les réseaux sociaux et les murs dans nos rues.

Peuple libre, le pouvoir nous appartient.


Transition en RCA: Prestation de serment sur fond de terreur

Au cas où la Somalie se cherchait un clone, dites lui que la République cent… Oh que dise-je? Dites lui que la République des Séléka lui ressemble désormais.

Djotodia Séléka
Djotodia sur fond de séleka

Bangui, dans la nuit du samedi 17 au dimanche 18 aout à quelques heures de la cérémonie de prestation de serment du Président de la transition en Centrafrique. Vers 3 heures du matin, les habitants des 1er  et 4ème arrondissements sont réveillés par des crépitements d’arme. De causes inconnues, ces énièmes bruits d’arme dans la ville de Bangui, resurgissent une fois de plus la peur de la population qui vide les rues de la capitale centrafricaine. La capitale de la nation à la bannière aux cinq couleurs, serait devenue la nouvelle Somalie, au point que même une fourmi n’oserai se promener au simple signalement d’une patrouille de la Séléka.

Boy-rabe, à couteau tiré avec les éléments de la Séleka

Réputé proche du président sortant François Bozizé, le quartier Boy-rabe situé dans le 4ème arrondissement de Bangui semble appartenir au viseur rouge du collimateur des autorités de la place. Une fois de plus, c’est dans cette périphérie nord de la capitale banguissoise que les engins de mort de la Séleka ont retenti pour semer à nouveau  la terreur. Faisant état d’un mort et de plusieurs blessés, l’incident armé de la nuit du 18 août, rappelle les événements tragique du 14 avril ayant opposé de jeunes résistants des 4ème et 7ème arrondissements aux éléments de la Séleka, pillant et incendiant des maisons sous prétexte d’une opération de désarmement. Depuis lors, le quartier Boy-rabe est pointé du doigt et reste moins habité en raison des répétitifs soulèvements de la population et des exactions commis par la Séleka, dont on chiffrera à plus d’une trentaine de morts, le bilan des événements du 14 avril dernier. Quartier rouge plus que jamais, les rumeurs faisant de Boy-rabe le quartier de la résistance contre l’oppression sélékiste, ne resteront que des rumeurs et depuis 24 heures, au moment où je publie ce billet, les éléments de la Séleka assiègent Boy-rabe et soumettent à des fouillent scrupuleuses, tout passant, appelé à verser à chaque entrée et sortie, la somme de 250 francs CFA. Boy-rabe serait devenu une arène où même les gladiators paient l’entrée. Ce qui est plus marrant d’ailleurs, c’est que la sortie du désormais célèbre et réputé stade Boy-rabé est payante. Devinez seulement pour quel but, fait-on payer l’entrée d’un quartier à ses habitants ? Les faire fuir bien sûr !

Baissez la tête, Sa Majesté Itno est à Bangui:

Je ne confirmerai pas les allégations d’aucun, disant que le Président tchadien Idriss Deby Itno est pour quelque chose dans la crise centrafricaine, ou du moins, je ne m’alignerai pas derrière les mauvaises langues qui disent que le cousin nordiste serait le parrain politique et même militaire du désormais président de la transition centrafricaine, le très contesté Michel Djotodia. Mais à en croire, le dispositif sécuritaire employé pour accompagner le déplacement de Deby à Bangui, serait digne d’une visite d’Obama à Dakar: circulation de véhicules privés et de transports en commun interdit ; policiers et gendarmes déployés sur toutes les intersections et grandes avenues de la place; quartiers réputés « rouge » placés sous haute surveillance militaire… Euuuh dans le cas du Centrafrique, doit-on dire militaire ou Séléka, puisque selon les dernières informations, Son Excellence, à l’époque où il n’était pas encore officiellement Président de la Transition avait jadis renommé les Forces Armées Centrafricaines, en Armée Républicaine de Centrafrique… Donc officiellement pas d’armée… Bon je ne me retrouve pas dans ce labyrinthe de jeux de mots et ne sais plus quel nom donné à ces gars en treillis armés jusqu’aux cheveux qui font désormais la loi en Centrafrique. Je m’en tiens à cela et remarque que la venue d’Idriss Deby Itno à Bangui, accompagné par un autre acteur de la crise centrafricaine, Dénis Sassous Nguesso, auront bouleversé les habitudes à Bangui. Les petites artères des quartiers longeant les avenues les plus empruntées par les transports en communs ont été prises d’assaut, durant tout le long de la cérémonie de prestation de serment du Président de la Transition, par les taxis, bus et engins à deux roues. Le soir du 18 août, comme depuis le 24 mars dernier, les rues de Bangui sont restées vident et les timides attroupements devant les bars dancing n’auront duré qu’une poignée d’heures.

Si dans son adresse, le nouveau maître de Bangui promet d’œuvrer pour la sécurité et en faveur de la tolérance zéro: « Je vous affirme qu’il n’y aura plus de place pour l’impunité, car l’on ne saurait construire un Etat de droit sans la justice. A cet effet, tous les auteurs – et ceci sans exception – des crimes et délits seront systématiquement traduits en justice et sévèrement sanctionnés », l’ombre de Bozizé, auteur d’une interview fracassante accordée à Rfi le 10 août dernier, plane encore sur le Centrafrique et attise davantage la flamme Séléka qui s’en prend, à qui en déplaise la très démocratique prise de pouvoir de la coalition de la terreur.

Avant c’était la pré-transition, mais ça c’était avant

La transition est lancée pour 18 mois et le capitaine à bord sera bien Djotodia. Contrairement à ceux qui disent que ce dernier n’avait pas toutes les prérogatives du Chef de l’Etat. Et que son Premier ministre Nicolas Tiangaye officiellement plus proche de l’opinion internationale, serait mieux écouté que lui par cette France marionnettiste à la commande des  Bozizé, Djotodia, Tiangaye et compagnie. Désormais et ce pour 18 mois, si le tapis rouge ne l’englouti pas, le seul maître à bord sera bien, Michel. Comme le témoigne son discours, l’heure de l’impunité, qu’il a vu sous semblant d’aveugle aura trouvé sa fin. Mais en attendant qu’il ne se décide à créer un parti politique comme tous les autres putschistes de son acabit, le Président de la République Transitoire de Centrafrique (RTCA)… C’est à la mode maintenant de changer les noms en Centrafrique, nous sommes dans une transition non… Djotodia devrait mieux que quiconque gérer les querelles internes de la Séléka et les histoires de qui à plus d’homme que qui au sein la coalition la plus  tristement célèbre de l’histoire de la République centrafricaine.