Centrafrique : Bangui la ville poudrière
Dit-on qu’au pays des aveugles, le sourd est roi parce qu’il voit ? En Centrafrique, l’homme armé est tout simplement un dieu, il a entre ses mains le pouvoir d’arracher la vie et pour sa grandeur, il réclame tous les honneurs. Puis que tout humain rêve d’être Dieu, à Bangui tout le monde ou presque s’offre une arme. Ce cas de figure perceptible dans plusieurs pays d’Afrique et du monde semble la cause des multiples conflits armés et des commerces incontrôlés et répandus des armes de tout genre. Ici, les mauvaises habitudes ont fait des Centrafricains les premiers garants de leur propre sécurité. Chacun se protège donc à sa manière et c’est devenu une mode de s’auto-protéger au pays de la bannière aux cinq couleurs.
L’épisode Seleka, le plus sombre et triste des interminables feuilletons meurtriers des crises militaro-politiques de la République centrafricaine, bien plus qu’un trait dans l’histoire, est incontestablement le jalon d’une perte d’identité de la sécurité publique.
Bienvenue dans la cité de la loi du plus fort
La capitale centrafricaine, en proie ces vingt dernières années aux crises militaro-politiques ayant donné naissance aux incalculables et incontrôlables groupes armés, serait devenue le sanctuaire des bandits aux mains armées. Les rues et maisons de Bangui sont bien plus remplies d’armes que les poudrières de l’armée nationale devenue inexistante depuis le début de la trilogie Seleka-Bozizé, est-il juste de décrier, quand on sait qu’à chaque coin de rue et dans bien plus d’une maison, il ne semble pas une surprise de trébucher sur une Kalachnikov, une cartouche de pistolet ou tout simplement sur un effet militaire devant normalement ne pas avoir sa place là. Tout le monde possède une arme, tout le monde veut faire parler la poudre et tout le monde a sa propre loi à Bangui. Les violences armées rythmeraient le quotidien des Banguissois au point que certains quartiers se sont vidés de leurs habitants. Les récentes violences perpétrées dans le quatrième arrondissement notamment à Boy-Rabe ont occasionné le départ de nombreuses familles vers d’autres quartiers jugé moins violents. Or, aucun quartier de Bangui n’est épargné par ces violences, comme le témoigne les cas de braquages et de bagarres. Ces violences sont le plus souvent signalées aux alentours des bars dancing et les marchés. Jeudi 12 septembre 2013 une des effroyables scènes de braquage se déroule dans le 1er arrondissement : un véhicule de l’Organisation des Nations unies pour l’Enfance (Unicef), à bord trois hommes et une dame. Le véhicule stationné à l’entrée du marché de Saïdou est réquisitionné de force. Les habitants des quartiers Sica I, Saidou et ceux des alentours se font involontairement témoins de cette abominable scène ayant effrayé les spectateurs et faisant de la dame à bord, l’unique blessée de cette nouvelle action des hommes forts de Bangui. Voitures volées, maisons pillées et passants braqués. Sortir son nez dehors ou traîner à des heures avancées dans la nuit est le pire des châtiments que l’on peut infliger aux Centrafricains en ces temps. Christ, un voisin de quartier et boutiquier, me confirme au lendemain du braquage à Sica : « Il n’y a plus de discrétion maintenant pour ces assoiffés de tout. Ils braquent et tabassent à coup de ‘’Albatacha’’ qui ils veulent… » Mais faisant de cette situation ma préoccupation, j’aimerais bien savoir si ces violences à Bangui ont pour unique auteur les Seleka ?
Cartographie des violences armée : les violences dépeignent Bangui
J’ai promené mon regard et reparti selon les zones urbaines à éviter les quartiers de Bangui, reconnus très fréquentés par les ressortissants de la coalition rebelle Seleka au pouvoir. Cette cartographie fait un état des lieux du degré atteint par les violences armées depuis le lendemain du coup de force du 24 mars 2013.
Si l’on se croise sur le territoire centrafricain, ne me demandez pas de soulever mon tee-shirt, comme tout le monde, j’ai décidé de me protéger.
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