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#Brisonslapeur : un hashtag pour vaincre l’insécurité en Centrafrique

C’est au cours d’une rencontre avec l’ONG Internews que l’idée est née. Un constat : « nombreux quartiers et villes de Centrafricaine défrayent les chroniques en raison d’un pseudo taux d’insécurité assez élevé ». Et les incrédules sont nombreux à vouloir jurer de ne pas fréquenter ces zones qualifiées d’infréquentables ou de zone rouges.

Logo de la campagne #Brisonslapeur

Alors que l’Association des Blogueurs Centrafricains rencontrait vendredi 10 février le coordonnateur d’Internews en résidence à Bangui, il a été noté l’importance de lancer une campagne visant à lever le voile sur la question : « Fait-il bon vivre en Centrafrique ? ».

‘’Il nous faut faire face aux problèmes actuels de notre pays pour parvenir à créer un meilleur cadre pour nous et nos enfants. Nous devons faciliter la cohésion entre chrétiens et musulmans en allant les uns vers les autres pour espérer un lendemain meilleur’’, me confie, Jeoffroy un habitant de Combattant, un quartier de Bangui, dont l’insécurité est grandissante.

Comment faire face au repli sur soi et faciliter la cohésion sociale ?
Durant les 3 prochains mois, l’ABCA animera la compagne #Brisonslapeur, à travers les publications de ses membres via un blog commun afin de donner une image réelle des quartiers de Bangui et des autres villes du Centrafrique, loin des clichés de violence et de peur qui circulent. Les blogueurs centrafricains regroupés en association en début d’année 2017, plus que jamais interpellés, se voient initiateurs d’un concept original et « financièrement souple », répondant à l’épineuse question de la cohésion entre les communautés, mise à mal par les récentes crises dans le pays.
A l’image de la campagne ‘’Kalangba Ti Siriri’’ d’Afrique Secours et Assistance, financée au cour de l’année 2016 par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés et mettant à contribution des journalistes et blogueurs centrafricains dans la recherche de la paix et de la cohésion sociale, la campagne #Brissonslapeur pour sa part vise principalement la communauté virtuelle. Ouverte à toutes publications pouvant contribuer à lever les barrières, cette première action à portée mondiale que mène l’ABCA bénéficiera d’un appui technique et financier d’Internews dans le cadre du projet ‘’Connect’’.


Douala : deuxième ville importante de la RCA après Bangui

L’épisode Séléka-Balaka aura fait de certaines villes des pays voisins de la RCA, des lieux de refuge incontestés. Depuis le 24 mars 2013, près d’un million de personnes déplacées ont gagnés les villes proches de la RCA en quête de stabilité. De Douala à Brazzaville, en passant par Pointe Noire, Ndjaména ou Zongo, la diaspora centrafricaine connait de nouveaux membres. 

UNHCR
UNHCR Profil d’opérations 2014 – Cameroun | Aperçu |

Bienvenue à Douala, Capitale économique du Cam… Oups !!! Capitale d’asile de la République centrafricaine !!!

Choisit comme terre d’asile par l’affabulateur Bozizé lors de sa fuite face à l’invasion Séléka le 24 mars 2013, le Cameroun pays frontalier d’un Centrafrique instable est devenu, la destination prisée des centrafricains en mal de vivre. Douala la capitale économique est pour sa part la ville où près de la moitié des 94 450 déplacés centrafricains pris en charge par le Haut Conseil des Nations Unies pour les Réfugiés séjourne.  Étudiants, employés de l’État centrafricain,  commerçants ou artistes, ont choisi le Cameroun pour le passage à un autre monde ou pour une nouvelle vie.

Pourquoi le Cameroun ?

Apprécié en Afrique centrale pour sa stabilité politique et pour la paix qui y règne depuis la réunification, le Cameroun incarne l’Afrique sans guerre et soucieuse de son développement socio-économique. Le Cameroun c’est : l’Afrique en miniature comme les camerounais aiment s’en vanter, se différencie de la nation armée tchadienne, de l’éternel instable Congo, de la nation rebelle Congo Démocratique, du très avare Gabon et du nouveau riche et radin Guinée Équatoriale. Le Cameroun apparait dés lors comme cet exemple d’État où la libre de circulation et l’hospitalité de sa population sont des leviers du développement. Bien que les motivations de la destination « Cameroun » varient selon les personnes, tous se retrouvent aux pieds des sept collines de Yaoundé ou sur les boulevards de Douala loin des coups de mortier et autres machettes… Dans son profil d’opération de l’année 2014, le bureau de la représentation du Haut Conseil des Nations Unies pour les Réfugiés au Cameroun, publie : « Sur le plan de la sécurité, la situation est globalement calme au Cameroun. Cependant, en raison de l’instabilité qui trouble la région, le Cameroun a accueilli des réfugiés et des demandeurs d’asile provenant de pays limitrophes et principalement de la République centrafricaine (RCA), du Nigéria et du Tchad…. » Le Cameroun offre actuellement l’hospitalité à plus de 100 000 personnes relevant de la compétence du HCR. Avec ses 94 450 réfugiés, le Centrafrique est le pays qui compte plus grand nombre de déplacés présents au Cameroun, devant le Tchad 1540 et le 1760…

Les quartiers centrafricains de Douala

Ils sont des milliers à avoir fui le pays en raison des crises qui ont secoué la République centrafricaine depuis 2003 et à s’installer dans des conditions souvent très pénibles dans les plus bas quartiers de la capitale économique du Cameroun. A Akwa dans le littoral, où flotte le drapeau quinté-couleur du consulat de la République centrafricaine, vit la plus importance communauté centrafricaine du Cameroun. On y trouve un snack bar baptisé « la Banguissoise » et un hôtel « L’Oubangui » qui font de ce quartier, le paysage le plus centrafricain du pays Douala. A tout bout de champ, une phrase est dite en ‘’Sango’’ la principale langue parlée sur tout le territoire centrafricain. ‘’Des bara ala’’ aux ‘’singuila sewa’’ les centrafricains ont  donné à Akwa l’allure de Miskine où Benz-vi.  On y trouve des camerounais qui causent le ‘’Sango’’ d’autres même n’ayant jamais vu le Centrafrique. Regroupés selon les intérêts professionnels et/ou social de chacun, à Akwa et Ngodi, habitent les conducteurs et autres passants de véhicules, les jeunes travaillant dans les chantiers de construction de bâtiment, travaillant dans la sécurité privée et les manutentionnaires du port de Douala.  A Bali, ils se sont jetés dans la manucure et la pédicure pour assurer leurs loyers et profiter de ce que le pays de Biya leur offre. Le célèbre quartier de New-Bell offre son hospitalité aux commerçants et autres affairistes de confession musulmane ayant des affinités avec ce pays. Une nouvelle phrase a remplacé le célèbre ‘’Bonjour’’, quand deux centrafricains se rencontrent à Douala, ils ne disent plus bonjour, mais « Mo koué mo ké ngué » ?

Vers une diaspora jeune et dynamique

Si la Séléka et les antibalaka sont les diables que tout le monde craint, ils sont également le tensiomètre qui permet à la nouvelle génération des centrafricains de mesurer, de connaitre et d’apprendre ce que le monde extérieur donne. Aucun des jeunes ayant trouvé refuge à Douala ne vit sans activité financière. Ils s’occupent, non pour la forme, mais parce que « le Cameroun ne donne pas le lait » Ils vivent à deux ou trois, sont prêts à se secourir en cas de besoin et rêve de reproduire le modèle camerounais dans leur pays. Les dix prochaines années donneront au Centrafrique, des hommes et des femmes ayant connu, le monde extérieur. Comme ils le disent : ‘’ Nous sommes au front, c’est pour apprendre le combat’’. Seul point d’ombre, ces diplômés centrafricains qui n’intéressent pas le marché camerounais. Illustration du concept le camerounais d’abord. Mercier à 18 ans, il travaille dans une entreprise de sécurité privé, le père Sava à 74 ans et il est à Douala pour le transit de son véhicule et pour un projet qu’il dit ambitieux mais secret.

Comment ne pas croire que le lendemain du Centrafrique ne sera pas meilleur ?

Mais là où le bas blesse, c’est cette génération de ‘’grands frère’’ qui s’attarde dans les snacks et autres petits restaurants traditionnels à jouer les éternels opposants à tout… Ils forment des camps, pro et anti ceci, ami ou ennemi de cela et occupent leur temps à parlé au passé de ce qu’ils étaient ou ce que l’autre était sans savoir que le passé passe toujours.