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CAN 2021 : les stades des non-vaccinés

Alors que le Cameroun organise la Coupe d’Afrique des nations dans un contexte sanitaire marqué par une nouvelle vague de COVID, nombreux sont ceux qui restent hostiles au vaccin mais qui se délectent tout de même de participer à cette grande fête du football sur le continent. Loin des stades et scotchés devant un écran, entre amis ou simplement entre supporters, les camerounais bravent les mesures barrières et s’offrent une belle fête.

Supporters dans une fanzone
Un snack bar de Yaoundé aux couleurs des équipes de la CAN2021 / Photo Penzy

Si les stades de Yaoundé, Douala, Bafoussam, Limbé-Buea et Garoua s’apprêtent à accueillir du beau monde, les gargotes et débits de boissons ne sont pas des moindres. Eux aussi ouvrent leurs portes, mais sans les exigences liées à l’accès aux stades.

L’ouverture de la plus prestigieuse compétition de football africain qui a vu la victoire des Lions Indomptables du Cameroun 2-1 face aux Etalons du Burkina-Faso, dimanche 9 janvier, a été vécue par des millions de téléspectateurs dans les fans zones, snack bars et autres lieux de détentes dans les villes du Cameroun. A Yaoundé, les sceptiques du vaccin contre le virus se sont donnés rendez-vous dans ces lieux pour « profiter de la fête sans être obligés de passer par la case vaccin » comme ils le disent.

Roger, un chauffeur de taxi avance qu’il ne souhaite pas se faire vacciner mais qu’il ne veut pas non plus rater ce grand événement organisé par son pays. Pour accéder aux stades, le ministère de la Santé camerounais exige d’avoir un pass sanitaire et un résultat de test négatif effectué sous 48 heures. Comme de nombreux supporters, ce jeune conducteur suivra la compétition devant un écran.

Pour Julia, étudiante d’une vingtaine d’années, en plus d’éviter le vaccin ou toute autre exigence liée à l’accès au stade, elle préfère vivre les prestations de son équipe dans son quartier, dans un snack-bar :

La fête est aussi belle ici. Le stade est très loin et il y a beaucoup de gens là bas. En plus, ici personne ne me demande un pass sanitaire ou un billet d’entrée. Je préfère être proche de chez moi et faire la fête comme je le veux quand mon équipe gagne.

Dans ces lieux de détentes décorés pour la circonstance aux couleurs des nations engagées dans cette fête du football, nul besoin de cache-nez, moins encore de distanciation sociale, quand les deux buts d’Aboubakar Vincent ont donné la victoire aux Lions Indomptables. La seule exigence ici est la bouteille de bière ou de sucrerie qui donne droit à une place parmi ces centaines de personnes venues vivre ce moment historique.

Au Cameroun, la part des personnes vaccinées est estimée à 3,1% sur les 59,3% de la population mondiale ayant reçu au moins une dose d’un vaccin COVID-19 à la date du 9 janvier 2022, selon les données du ourworldindata.org.


Festival Ti-î : la culture centrafricaine célébrée au Cameroun

Hors des frontières de la nation aux cinq couleurs, des artistes et entrepreneurs culturels africains se mobilisent pour célébrer la culture du cœur du continent. Réunie autour de « l’idyllique » finaliste du prix découverte RFI 2014, Idylle Mamba, la communauté centrafricaine au Cameroun s’apprête à accueillir la première édition du festival « Ti-î ».

Festival Ti-î
Jeux de société représentés au TIF2017©Dessin Penzy

Les 2 et 3 décembre prochain, le temps d’un festival, Douala incarnera la capitale de la culture centrafricaine sur les pelouses du stade Youpwé.

Porté par le laboratoire de musique et d’art DUKE’Ziki et sa promotrice Idylle Mamba, le Ti-î Festival ou « Notre festival », vise à promouvoir la culture centrafricaine au-delà de ses frontières. Au cœur de ce rendez-vous qui allie art et diplomatie, l’honneur est donné aux jeux de sociétés typiquement centrafricains et à la promotion des talents artistiques centrafricains sur la scène internationale. « L’idée est de reconnecter les centrafricains à leur culture d’origine … » affirme la promotrice du festival, alors que la Centrafrique est sujet à une crise identitaire alimentée par de nombreuses années de crises militaro-politiques. Le professeur Alphonse Blagué le dit dans son introduction de thèse de doctorat en Sociologie :

«  La République centrafricaine, aussi paradoxale que cela puisse paraitre, est à la recherche de son identité et de la légitimité populaire… A-t-elle toujours été la patrie du Zo Kwe Zo de Barthelemy Boganda ? »

Toujours d’actualité, les récentes crises ont provoqué une importante dégradation des relations sociales entre les communautés. Aujourd’hui, à travers cette fête des cultures bantoue, les communautés peuvent se réconcilier autour de la riche diversité culturelle du pays. Pour tourner la page de la crise, les initiateurs de ce festival veulent renouer avec le « vivre ensemble ». A l’affiche de cette rencontre culturelle des centrafricains de l’étranger :  des créations artistiques et des jeux de société très célèbres en Centrafrique.

Pays d’accueil du festival, le Cameroun, considéré comme « l’Afrique en miniature » ( parce-que se situant au carrefour de la culture en Afrique centrale et aussi en raison de sa diversité ethnique), compte depuis des années une très forte communauté centrafricaine. Il ouvre donc grandes ses portes aux artistes invités pour la circonstance.

En tournée de préparation à Bangui en octobre dernier, les responsables du Festival Ti-î ont reçu l’accord du gouvernement centrafricain auprès du Ministère de la Culture et du Tourisme. Accord « verbal » selon lequel « le gouvernement s’engage à 100% pour la réussite du festival ». Pourtant, à moins d’un mois du rendez-vous de Douala, les promesses tardent à se réaliser. Les délégations d’artistes sont attendues dans la capitale camerounaise vers la fin du mois de novembre mais certaines dispositions ne sont pas encore totalement remplies, explique Teza Gboko, chargé de communication du festival.

Alors qu’une attaque à la grenade a fait des victimes lors d’un concert à Bangui le 11 novembre dernier, la volonté des organisateurs du festival reste inébranlablement celle de réconcilier les cœurs par le biais de la culture. Des groupes d’artistes, dont la compagnie théâtrale « Les Perroquets », finaliste de « l’Afrique a un incroyable talent« , se produiront pendant deux jours devant la plus grande communauté centrafricaine vivant à l’étranger.